Bull, une proie tentante ?
22/11/2005
Paul Jousse
    Bull…Cela devait être un fleuron de l'industrie française, cela n'aura été qu'un gouffre financier et une désillusion nationale.
Lorsque Bull naît dans les années 1960, issu de la volonté étatique d'indépendance nationale, tout le monde était unanime sur la question : Bull sera un succès, le succès de tout un pays. Dix ans plus tard, c'est déjà un gouffre financier. Même les analystes les plus optimistes doivent le reconnaître : Bull est bel et bien le « canard boiteux » de l'informatique. Et Bull ne doit sa survie qu'à l'intervention de l'Etat. En effet, l'entreprise dans les années 1980 est proche de déposer le bilan. A coup de subventions, de nombreuses restructurations, Bull survivra, mais restera toujours dans le rouge. Du moins jusqu'à il y a 9 mois. Un tournant pour l'entreprise : le cours a progressé de 55% en Bourse et les comptes sont au vert. Une première depuis des années !!! Fini le canard boiteux, obsolète et déficitaire!
L'artisan de cette renaissance, c'est Didier Lamouche, son nouveau PDG, arrivé il y a 10 mois. Cet ingénieur de 45 ans, qui occupait auparavant le poste de vice-président d'IBM, a renouvelé les deux tiers de l'entreprise. Surtout, il a abandonné la construction de serveurs fonctionnant sous ses propres logiciels pour des systèmes plus ouverts. Et il se recentre sur les calculateurs de forte puissance et la sécurité des réseaux. Et à en croire les résultats, sa méthode fonctionne : Bull aligne et décroche les gros contrats, notamment le marché du plus gros calculateur d'Europe… Du coup, on ne serait pas étonnés de voir une OPA lancée sur le groupe : l'entreprise ne vaut plus que 750 millions d'euros en Bourse et son capital est dispersé. Or elle dispose de plus de 200 millions d'euros de trésorerie et de plus de 2 milliards d'euros de crédit d'impôts. De quoi tenter les raiders. Affaire à suivre...