Les Fonds Communs de Placement : Fondements et principes
29/11/2005
Nicolas Deslandre
   
Depuis les années 1980 et la fin de l'intermédiation bancaire, ainsi que l'ouverture spectaculaire des marchés boursiers aux particuliers, les Fonds Communs de Placement sont de plus en plus plébiscités. Pour exemple, la moitié des ménages américains possède des parts de FCP, notamment dans une logique de retraire par capitalisation.
En cohérence avec la dynamique d'ouverture des marchés aux petits porteurs, les FCP facilitent ainsi l'accès à la bourse pour un nombre accru d'épargnant ou d'investisseurs qui voient dans ces fonds un moyen de gestion aisée de leur capital.
Qu'est-ce qu'un FCP ?
Un FCP est une société qui met en commun des capitaux apportés par les souscripteurs à son capital propre  dans des produits financiers divers, que ce soit des actions, des obligations ou d'autres titres. La participation de chaque investisseur au capital du fonds se matérialise par des parts de celui-ci, fractionnables jusqu'au millième d'unité.
La rémunération du capital apporté à un fonds intervient de différentes manières, soit par les dividendes qui sont versés sur les actions et les intérêts des obligations, soit en  distribuant aux détenteurs de parts les plus-values dégagées par la cession des titres qui ont réalisé de belles performances, matérialisant ainsi un gain en capital, soit encore par l'appréciation mécanique de la valeur liquidative du fonds, ce qui génère une plus-value potentielle à la vente pour les détenteurs de parts.
Le principal avantage des FCP est qu'ils sont à « gestion professionnelle », c'est-à-dire que la politique d'investissement et les transactions dans le but de valoriser le capital du fonds sont menées par des gestionnaires de métier, qui s'y consacrent chaque jour. Par ailleurs, le portefeuille d'un fonds est de manière générale extrêmement diversifié, ce qui permet de diluer le risque face aux produits très volatils en le compensant par d'autres produits plus constants. Le but avoué est donc de définir un couple rendement/risque en adéquation avec la politique générale de gestion du fonds. Qui plus est, les parts de FCP sont aussi liquides que des actions, et leur cession est immédiate, à la condition que leur achat ne se soit pas effectué dans le cadre d'une enveloppe fiscale particulière, du type PEA ou assurance-vie.
Les différentes classes de FCP
  
Chaque gestionnaire de fonds définit au préalable un objectif de placement bien spécifique à la création du FCP dont il a la charge, et de cet objectif dépendent les actifs et les secteurs géographiques dans lesquels il investira par la suite pour valoriser le capital du fonds. Il existe trois grandes catégories de FCP :
- Les fonds d'actions
- Les fonds de titres à revenu fixe (obligations)
- Les fonds monétaires
Fonds spécialisés, fonds monétaires, fonds obligataires
On peut donc ensuite faire varier à l'infini la composition de ces grandes classes, suivant les produits auxquels ils sont destinés. De cette manière, les fonds d'actions qui détiennent des titres de sociétés à fort potentiel de croissance sont appelés naturellement fonds de croissance, et les fonds d'actions qui se positionnent de manière exclusive sur un secteur d'activité ou une zone géographique spécifique sont appelés fonds spécialisés. Les fonds monétaires se placent quant à eux sur le marché monétaire qui est composé en grande partie de titres d'emprunt à court terme, comme les bons du Trésor. Le risque de ces emprunts étant nul ou négligeable, ces fonds ne comportent pas de risque non plus. Toutefois, le rendement est extrêmement faible en comparaison des autres fonds (de l'ordre de 3%). Comme de juste, l'équilibre rendement/risque est maintenu. Les fonds de revenu ont pour but de procurer un revenu stable et régulier, assimilable à une rente. Le portefeuille des fonds de revenu est globalement composé de d'emprunts d'État ou de sociétés. Enfin, les fonds d'obligations ne sont pas pour leur part dénués de risques. Ainsi, les fonds détenant des obligations pourries, ou « junk bonds », maximisent le risque pour un rendement élevé, alors que ceux détenant des obligations d'Etat sont beaucoup plus prudents, mais beaucoup moins rentables. D'autre part, les fonds d'obligations sont soumis à la pression des taux d'intérêt, et la politique des banques centrales n'est pas neutre à leur égard.
Fonds profilés, fonds indiciels, fonds éthiques
Nous pouvons toutefois faire une autre distinction, en considérant non plus la nature des actifs détenus, mais la manière dont le gestionnaire proportionne le risque de ses placements. Ainsi, l'objectif des fonds équilibrés est de répartir le risque, et d'équilibrer ainsi le couple rendement/risque. Le gestionnaire peut donc constituer un panier de titres de type obligataire et d'actions. La répartition la plus courante pour ce type de fonds est de 60% d'actions pour 40% obligations et autres. Toutes les distinctions de ce type se feront donc sur le risque de la zone géographique privilégiée ou du secteur d'activité et son potentiel de croissance, s'il s'agit d'un fond spécialisé. Il est aussi possible de distinguer les fonds de       « valeur » et les fonds de « croissance ». Le terme « valeur » signifie que le gestionnaire concentre ses investissement sur les titres sous-cotés des indices de références sur lesquels il évolue (caractère à évaluer grâce aux ratios cours/résultat net et cours/valeur comptable). Le terme « croissance » renvoie à une stratégie d'investissement qui s'intéresse aux titres émis par des sociétés dont on pense qu'elles vont poursuivre ou initier une phase de croissance et d'amélioration de leur situation comptable et financière.
En fin de liste viennent les fonds indiciels, qui restituent tout bonnement le rendement de leur indice de référence par une savante pondération de l'actif, et les fonds éthiques, qui sélectionnent les titres d'entreprises s'engageant sur un modèle de gestion ou de croissance en adéquation avec certains principes comme celui du « développement durable » (qui n'a pas vraiment de sens en économie, et encore moins en finance), de « conscience et responsabilité sociale » ou de la « corporate governance » (gouvernance d'entreprise).
Les coûts des FCP
   
Les FCP ne sont pas exempts d'une taxation, et il existe deux types de frais :
- Les frais annuels courants, comme les droits de garde.
- Les frais d'acquisition ou de résiliation, non systématiques.
- Les commissions de courtage pratiquées par les courtiers
Les frais courants d'un FCP sont incarnés par le ratio des frais de gestion (RFG). La base de calcul de ce ratio est la rémunération du gestionnaire du FCP, les frais d'administration et les commissions de courtage. Les plus-values générées par la vente des parts de FCP sont soumises, comme pour les autres produits cotés, à l'imposition sur les plus-values, dans les mêmes proportions et selon le même seuil de cession brute annuelle, hors enveloppes fiscales particulières.
Valeur des parts
La valeur liquidative d'un FCP, son « cours », est donnée par le calcul tout simple de la division de l'actif net du fonds par le nombre de parts. La valeur liquidative d'un fonds est fonction de la valeur de ses placements et du nombre de parts en circulation. D'après ce mode de calcul, il est clairement visible que les parts des FCP ne sont en rien des « actions » d'une société de gestion dont le capital varie. Il s'agit bel et bien d'une fraction du capital de cette société. C'est en cela que les FCP se différencient de ses cousines les SICAV, qui, elles, émettent des actions, au même titre que les sociétés cotées au premier ou second marché, par exemple.
Nicolas Deslandre