Michelin fait un faux départ pour le 4ème trimestre 2005
05/11/2005
Nicolas Deslandre
L'action Michelin a connu un revers de fortune avec une chute brutale de son cours à la date du 25/10, chutant dans la journée de 7,74%
Jusqu'à présent, l'action Michelin se plaçait sur en trend haussier, et ce depuis Avril 2003, comme le montrent les graphiques ci-dessous
La semaine dernière, l'action a donc connu un net décrochage, en perdant 7,74% à la date du 25 octobre, puis en subissant une baisse consécutive de 2,78% le surlendemain. Le cours de l'action clôturait à 45,99 € le 25/10, puis à 44, 49 € le 27/10. Ces deux baisses successives amènent donc en cumulé une baisse de 10,53% sur 5 jours, alors que le CAC quant à lui affiche une hausse de 1,55% sur la même période. Michelin évolue dans un secteur sensible au prix des matières premières, or Michelin a indiqué qu'il révisait ses prévisions d'augmentation de prix d'achat de ses matières premières de + 14% à 15% en année pleine, contre + 13% initialement. Toutes les attentions se tournent naturellement vers le cours du baril, entre autres, mais ce sont bien plutôt les résultats prévisionnels du groupe qui semblent à l'origine de la sanction par les opérateurs.
En effet, la communication financière de l'entreprise se voulait rassurante le mois dernier, dans la dernière lettre aux actionnaires à la fin Septembre. Au cours du premier semestre 2005, Michelin annonce avoir maintenu sa performance opérationnelle à un niveau élevé, tout en dégageant une marge opérationnelle de 9,2 %, dans un environnement macroéconomique chahuté et sous tension. Les matières premières ont vu leur prix fortement augmenter, ce qui explique, en glissement annuel, le retrait des marchés au premier semestre 2005, en comparaison avec le premier semestre 2004. c'est le cas de l'Europe qui illustre le mieux la tendance, avec un net recul pour S1 2005, alors même que le S1 2004 lui avait souri.
Toutefois, Michelin avait prévu d'amortir ce surcoût des matières premières par une politique de hausse des prix et de renforcement de sa position sur les production à haute valeur ajoutée, et cette mesure s'est révélée être un succès, puisqu'elle a permis à l'entreprise de conserver des performances honorables dans un contexte de tensions sur les matières premières : les ventes nettes en valeur ont affichée une rassurante stabilité, et l'accent mis sur une plus grande maîtrise des coûts ont permis à Michelin d'annoncer un résultat net en progression de 8,9 % en glissement par rapport à 2004
Cependant, il faut attendre le 24 octobre, avec la publication des résultats du 3ème trimestre et des perspectives du 4ème trimestre de l'année 2005 pour comprendre le brusque décrochage du cours. Les ventes nettes consolidées du 3ème trimestre 2005 s'élèvent à 3,9 milliards d'euros, en hausse de 4,5% par rapport au 3ème trimestre de 2004, ce qui représente une hausse de 3,3% hors effet de change. Cependant, au cours du 3ème trimestre 2005, les performances attendues par le Groupe se sont révélées être surévaluées pour certains marchés clés. Le marché du remplacement poids lourd en Europe est par exemple resté orienté à la baisse. Par ailleurs, Michelin n'attend pas pour le 4ème trimestre 2005 d'amélioration significative des marchés. Dans cette situation délicate, le Groupe entend « adapter ses niveaux de production sur les trois derniers mois de l'année », ce qui signifie que les ventes ne devraient pas réaliser de progression spectaculaire, ou tout du moins ne devraient-elles pas atteindre les prévisions précédentes. Les opérateurs sanctionnent donc ces prévisions de résultats en baisse, alors qu'on leur avait annoncé il y a peu des performances surévaluées au vu du contexte économique international.
Nicolas DESLANDRE