Les agences de rating
Xavier Puissochet
Décembre 2004
Les agences comme Moody's, Standard & Poor's ou encore Fitch sont devenus des éléments incontournables de la vie des grandes entreprises et bien plus encore du marché. Ces trois noms sèment la terreur dans les bureaux des PDG car les notes qu'elles attribuent aux entreprises ont la fâcheuse tendance à ouvrir ou fermer la porte aux nouveaux emprunts, on comprend mieux les sueurs froides des dirigeants à l'annonce des résultats. C'est pourquoi, nous allons détailler ce que concrètement ces agences font, puis quelles sont les diverses polémiques qui entourent ces entreprises.
En théorie, une notation ne constitue pas une recommandation d'achat ou de vente, c'est une appréciation sur la volonté et la capacité d'un emprunteur à rembourser une créance dans les délais qui lui sont impartis, comme par exemple une obligation. L'intérêt de ce travail fourni par les agences de rating est d'aider les investisseurs à déterminer le risque de crédit des titres qu'ils sont susceptibles d'acheter ou vendre. Cela permet aussi d'élargir son horizon d'investissement à des marchés ou des titres vers lesquels les investisseurs ne se seraient pas forcément tournés dans un premier temps.
D'une manière générale, les dirigeants pestent toujours contres les agences de rating car selon eux, elles font la pluie et le beau temps sur le marché. Une bonne note : un AAA, vous permet d'emprunter au même taux qu'un état. Une mauvaise note ? Votre taux est majoré de 3%, 4% ou 5% ! Ce qui sur des montants importants représente un véritable problème. Autrement dit, si vous étiez déjà fragile, on vous assomme encore un peu plus et le cercle vicieux dans lequel vous entrez peut vous emmener jusqu'au dépôt de bilan. Pourtant la notation est un passage obligé pour les appels au marché lors du lancement de nouvelles obligations, et cela, les dirigeants le savent très bien. C'est pourquoi, contraints et forcés, ils ne peuvent qu'acquiescer aux quatre volontés des agences de rating qui, il faut le rappeler sont payés par les entreprises et non par les investisseurs.
En outre, les agences de notation et les PDG n'ont pas la même vision des relations d'implications qui unissent la situation des entreprises et leur notation. En effet, pour les dirigeants, les mauvaises notations sont souvent à l'origine de la dégradation de la situation d'une entreprise et de son impossibilité d'avoir recours au marché pour se financer. C'est une excuse qui est parfois avancé pour expliquer une mauvaise situation, mais c'est un peu trop facile. Enfin, les critères établis par les agences paraissent le plus généralement arbitraires aux dirigeants ce qui expliquent leur réticence à l'égard des agences de notations. Ces dernières se défendent en rétorquant que c'est la dégradation de la situation d'une entreprise qui entraîne la dégradation d'une note, pas l'inverse. En fin de compte, le véritable problème c'est que ces notes sont des options et non des certifications alors que le marché les considère comme la vérité incarnée.
Vous l'aurez compris, les agences de rating sont une arme à double tranchant qu'il vaut mieux manier avec précaution…